Notre Histoire

Le jour où tout a basculé

Voici ma fille adorée dans les étoiles, Camille. Elle s’est envolée à l’âge de 7 mois et demi le 27 mars 2017.

Tout a basculé le 22 mars 2017. Le printemps venait de débuter et c’était un jour comme les autres, jusqu’au moment où mon mari et moi avons reçu un appel au travail nous annonçant que Camille avait eu un grave accident. A cause de la négligence de notre nounou, elle s’était noyée dans le bain. Durant l’appel, un hélicoptère était en train de venir la chercher pour l’emmener aux soins intensifs pédiatriques car ils avaient réussi in extremis à la réanimer.

Après des montagnes russes entre espoir et désespoir, nous avons découvert 4 jours plus tard avec le dernier IRM que Camille était en état de mort cérébrale. Nous nous sommes résignés à la laisser partir paisiblement le 27 mars 2017 car l’aimer c’était aussi réussir à la laisser partir… et notre Camille s’est envolée vers les étoiles.

Cheminement et résilience

Notre vie d’avant se finit ce jour là avec la mort de notre enfant chérie.

Sa perte nous a fait sombrer, nous avions tous le cœur brisé. Cependant, même quand j’étais au plus bas, j’ai commencé à réaliser que Camille, du haut de ses 7 mois et demi et à travers son départ, m’avait énormément appris et apporté. Elle m’a donné une immense leçon de vie et de sagesse. Aujourd’hui j’apprécie réellement plus ce que j’ai: un électrochoc comme cela remet l’église au milieu du village. Je vis bien plus dans le moment présent et très paradoxalement je pense mieux vivre cette deuxième vie.

Bien évidemment, si je pouvais choisir, je souhaiterais que Camille soit toujours là avec nous. Mais comme il est impossible de remonter le temps pour éviter ce drame, j’ai décidé de lui faire honneur en étant heureuse du mieux que je peux. Ma relation extérieure avec ma Camille est devenue une relation intérieure et elle est pour toujours avec moi. Malgré le manque par son absence physique, je ressens que le lien d’amour que nous avons ne sera jamais rompu. Je pense qu’il est essentiel de toujours vivre en gardant l’intime conviction que nos êtres aimés disparus veillent sur nous, qu’ils sont là d’une autre manière et que ce qu’ils souhaitent par-dessus tout est de nous voir heureux.

Aller vers l’obscurité ou la lumière

Nous ne pouvons souvent pas contrôler les épreuves qui arrivent sur notre chemin de vie. Par contre j’ai découvert que ce que je pouvais tenter de contrôler, c’était ce que je faisais de cette terrible épreuve: comment je la gérais, comment je pouvais la transformer. Pour faire honneur à ma fille, je lui ai promis d’être heureuse malgré tout. Je porte bien sûr toujours en moi cette blessure; elle sera toujours là même si elle cicatrise avec le temps. Mais en transcendant cette expérience, j’ai appris qu’elle me permet de mieux vivre ma vie.

Je pense que l’être humain est par nature résilient, que nous avons tous cette force insoupçonnée en nous qui se révèle lorsque nous sommes confrontés au pire. Perdre un enfant est sans doute l’une des plus dures épreuves, une épreuve que je ne souhaiterais pas à mon pire ennemi. Face à cette situation, je n’avais pas le choix: j’ai dû apprendre à faire avec la situation et sans la présence physique de Camille. J’ai avancé comme je pouvais, un jour après l’autre, en mode survie. Il y avait des jours au creux de la vague et d’autres en haut de la vague. J’ai réalisé qu’il fallait que je me laisse porter par mes sentiments et mes émotions et ne pas résister… sinon c’était impossible pour moi d’avancer.

Nous avons tous des épreuves à vivre en étant sur cette terre – la vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Quand j’ai été confrontée à cette terrible épreuve, deux choix se sont offerts à moi: choisir l’ombre et me terrer, me renfermer sur moi et rester dans cette position de victime, ou choisir la lumière en puisant dans des ressources insoupçonnées en moi jusque-là pour rebondir et transformer cette épreuve et cette perte. Même si j’ai choisi la lumière, il y a bien évidemment des jours obscurs également. Mais derrière chaque orage se cache un rayon de soleil, et on apprécie le soleil d’autant plus lorsqu’il réapparait.

Une autre vision de la vie et de la mort

Une blessure aussi profonde qu’est la perte de son enfant nous fait aller chercher au fond de nous-mêmes. Dans cette obscurité nous pouvons découvrir (ou redécouvrir) l’étincelle qui a toujours été là. Elle nous permet de trouver de la lumière et du réconfort.

J’ai également réalisé que la mort était un sujet très tabou dans notre société occidentale. C’est très paradoxal car ce sujet nous concerne tous mais nous préférons nous mettre des œillères et ne pas en parler ni y penser. Et pourtant c’est notre point commun à tous, nous sommes mortels et cela fait partie de la vie. Même si bien sûr c’est terriblement douloureux quand nous perdons nos êtres aimés, cela fait néanmoins partie du cycle naturel de la vie.

Je partage ici un article qui est très proche du cheminement que j’ai vécu après son départ: La dimension philosophique et spirituelle du deuil

Face à l’électrochoc causé par la perte de mon enfant, je me suis forcément posé des questions existentielles sur la vie et la mort, le sens de notre existence etc. Je me suis toujours dit avant la mort de notre fille que la mort du corps physique n’était pas la fin de notre existence mais je n’y réfléchissais pas plus que cela. Après la perte de notre fille, je me suis ouverte à ce sujet. De nature curieuse, j’ai lu énormément de livres, vu des documentaires, des conférences. Je suis intimement convaincue que nos proches aimés disparus continuent d’exister d’une certaine manière.

J’ai réalisé qu’il faut, comme pour beaucoup d’autres situations, trouver un bon équilibre dans notre rapport entre ciel et terre. Il faut rester ancré, les pieds bien au sol, afin de vivre en conscience notre vie sur terre mais également avoir un peu la tête et le coeur dans les étoiles pour amener plus de profondeur à notre vie.

Envie d’aider par mon témoignage

La perte d’un enfant est si douloureuse que j’ai eu envie d’apporter ma petite pierre à l’édifice de la compassion et de la solidarité humaine en témoignant, en montrant à travers le livre qu’il est possible malgré tout d’être heureux de nouveau un jour sans jamais oublier notre enfant qui nous a quittés. Le livre est la matérialisation de ce cheminement et de cette résilience, et par la même occasion un immense témoignage d’amour pour notre fille dans les étoiles.